100 défis mortels à relever (ou pas) by Vincent Mongaillard

100 défis mortels à relever (ou pas) by Vincent Mongaillard

Auteur:Vincent Mongaillard
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Arthaud
Publié: 2016-01-14T16:00:00+00:00


L'enfer blanc qui mord les chairs

Il porte le nom d'une jolie déesse hindoue des moissons et de l'abondance. Mais l'Annapurna est surtout réputé pour ses récoltes macabres à l'approche de ses 8 091 mètres. S'il ne se situe qu'à la dixième place des plus hauts sommets du monde, il est largement en tête au palmarès de la dangerosité, affichant le plus fort taux de mortalité dans l'Himalaya. Environ 35 % des ascensions font une victime, contre 23 % pour le K2. La montagne impitoyable du Népal a eu raison de quelque soixante-dix alpinistes. Ce cimetière enneigé reste le moins fréquenté de la planète, théâtre seulement de deux cents expéditions. Pourtant, il fut le premier « 8 000 » à avoir été gravi et ce, dès la première tentative. C'était le 3 juin 1950, par une cordée française. Maurice Herzog et Louis Lachenal y plantaient sur la face nord leur piolet fièrement agrémenté du drapeau bleu, blanc, rouge. Ils sacrifieront tous les deux dans cet exploit retentissant des doigts et des orteils, condamnés par les gelures à l'amputation. Car quand il ne tue pas sur-le-champ, l'enfer blanc, avec des températures s'enterrant à − 40 °C, mord doucement mais sûrement les chairs.

De l'endurance et de la résistance, huit petits pas pour deux minutes de récupération, ne suffisent pas à amadouer l'Annapurna. Il faut aussi une bonne dose d'inconscience et, surtout, de baraka pour esquiver les avalanches, les chutes de séracs et de pierres. De la veine, les guides de haute montagne français Stéphane Benoist et Yannick Graziani en ont eu pour survivre à une descente héroïque à l'automne 2013, achevée de nuit et éclairée par la seule lumière d'un réchaud. Pour avoir puisé dans ses défenses immunitaires afin d'atteindre le pinacle, le premier a contracté une pneumonie. Grâce à l'aide du second, ce Niçois réussira à rejoindre le camp de base lors d'un final qui lui coûtera tout de même de graves gelures et un rapatriement sanitaire.

En 1992, le Grenoblois Pierre Béghin, ingénieur expert dans la modélisation des avalanches, n'a, lui, pas été béni des dieux. Séquestré par une tempête sur le versant sud alors qu'il tentait de battre en retraite, il a disparu lorsqu'un ancrage de rappel a lâché à 7 100 mètres d'altitude. Un destin tragique sous les yeux de son compagnon de cordée, Jean-Christophe Lafaille. Ce rescapé mettra cinq jours pour redescendre, sans matériel (emporté dans la chute) et avec un bras cassé. D'autres légendes des toits du monde ont connu un sort identique à celui de Pierre Béghin sur les pentes de l'Annapurna, à l'instar du Russe Anatoli Boukreev et de l'Italien Christian Kuntner.

La nature ne pardonne rien. En fin de matinée, la paroi se fait enfumer par les nuages et la neige tombe sans discontinuer jusqu'au début de la nuit. Pas de quoi freiner le Superman des cimes, le Suisse Ueli Steck, qui s'est spécialisé dans les ascensions éclair, en speed climbing. En octobre 2013, au bout de la troisième tentative, il a triomphé en solo des 2 300 mètres de la face sud en 28 heures chrono aller-retour.



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